Isolation Berlin - Electronic Babies Tour 2025

Les rois de la poésie de bistrot ne font pas que du post-punk et du no wave, ils savent aussi faire de la chanson d'art.

Si, il faut l'écrire, même si ça a l'air très collant : Si un groupe parvient actuellement à accompagner les gens à travers une vie urbaine moyennement jeune, c'est bien Isolation Berlin. Car quoi que nous fassions avec nos vingt ans, Tobias Bamborschke et son groupe y sont déjà. Alors qu'avec "Annabelle", le premier single du même nom, les Berlinois voulaient encore "aller au cinéma, emporter des cigarettes et de l'alcool", leur grande étude sur la mélancolie UND DEN WOLKEN TROPFT DIE ZEIT se terminait il y a deux ans par le serment de soigner le cœur fatigué en ne ressentant plus rien du tout.

Leur deuxième disque VERGIFTE DICH poursuit cette évolution : "J'ai déjà été partout, j'ai déjà tout vécu", marmonne Bamborschke dans le premier single "Kicks", titubant entre apathie et envie d'attaquer. Bonjour DAF, bonjour le gaspillage de soi. La no wave et le postpunk s'expriment ici de manière plus physique, plus impérieuse que jusqu'à présent ; dans les moments nocturnes du disque, la guitare sonne en revanche doucement et tristement comme de la neige fraîche sur de l'asphalte sale.

Certes, Bamborschke écrit toujours de la plus belle poésie quotidienne, qui laisse deviner à quoi auraient ressemblé les premiers Element of Crime s'ils n'avaient pas toujours été de vieilles âmes. Mais Isolation Berlin atteint une grandeur inconnue lorsqu'il augmente le niveau d'abstraction, comme dans "Melchiors Traum", sans doute la chanson la plus complexe du groupe à ce jour. Tout cela s'intègre dans un album qui tente de nous tenir à distance. Et c'est précisément pour cette raison que nous, les romantiques, les snobs et les hédonistes, sommes saisis d'autant plus violemment.